Point Final (Il était temps)

Je suis arrivé au bout du roman que j'écris depuis... ouh là là... quinze ans ?

105 pages, un peu plus de quarante mille mots. Il reste un chapitre à reprendre au milieu, quelques corrections à faire ici et là mais, bon an mal an, il devrait se terminer bientôt.

C'est le premier roman que je finis. Avant ça, j'en avais commencé un paquet qui n'avaient jamais survécu au test de la relecture dépassionnée après quelques semaines de pause. Mais celui-là, si. Quelque soit le temps écoulé, les mois, parfois les années, j'ai toujours été surpris de le trouver bien. D'avoir envie de le continuer. Et d'être capable d'avancer.

Il y a des avantages et des inconvénients à mettre autant de temps à raconter une histoire.

Dans les avantages, il y a un côté "Boyhood" (le film de Richard Linklater tourné sur 12 ans) : la personne qui commence le livre n'est pas celle qui le termine ; on sent une véritable transformation du point de vue à mesure que le récit progresse. Cette transformation est réelle : c'est la mienne.

Dans les inconvénients, il y a l'évolution du style : j'écris mieux maintenant qu'il y a quinze ans. Pourtant, je n'ai pas voulu trop reprendre le début afin de préserver l'énergie originelle. J'ai un peu allégé, un peu aéré, mais j'ai respecté la progression et les tournures comme s'il s'agissait des écrits d'un autre. D'autant que ce glissement stylistique est justifié dans l'histoire.

Prochaine étape ? Le faire lire. Chercher un éditeur. Écrire le prochain un peu plus vite.

Première de "Construire" à l'Opéra Bastille

Une première est toujours stressante pour un réalisateur – surtout à l'Opéra Bastille – mais cette soirée organisée par École des Ponts s'est extrêmement bien passée. Salle comble, les intervenants du film étaient présents ainsi qu'une grande partie de l'équipe... très émouvant.

Quelques mots de présentation après l'introduction d'Anthony Briant (gauche), Directeur de l'École des Ponts.

J'ai adoré produire et réaliser ce film. J'ai rencontré et collaboré avec des gens extraordinaires. 

Je mettrai bientôt une bande annonce en ligne. Le film sera diffusé exclusivement en salle (festivals, évènements) durant un an, le temps de trouver éventuellement un diffuseur. Puis la diffusion sera élargie. Dates de projection ici-même ou sur la page LinkedIn de l'École des Ponts.

Alexandre et les Nanars (Dernier Jour !)

De jour, Alexandre est un réalisateur et monteur que j'ai rencontré quand il est venu faire du montage pour ChezFilms.

De nuit, il est le créateur de la chaîne youtube Fry3000 (près de 5000 abonnés !) où il "traite de bizarreries cinématographiques de toutes les sortes".

À chaque fois qu'il passe au bureau, il revient d'une interview avec un ancien acteur ou producteur de nanar, ou il part à la pêche aux informations sur tel fanzine dédié à tel film dont je n'ai jamais entendu parler mais dont il m'explique l'importance dans l'Histoire du cinéma de genre.

Et justement, il est en ce moment en pleine écriture d'un livret sur Norbert Moutier – l'un des plus grands producteur / réalisateur de nanar – qui accompagnera un livre d'affiches publié par Serious Publishing. Comment ça, vous ne connaissez pas Norbert Moutier ? Pas de soucis, Alexandre prépare aussi un documentaire à son sujet.

En attendant, allez soutenir le livre, c'est le dernier jour !

Bientôt : Première de mon Documentaire à l'Opéra Bastille

Le long métrage documentaire "Contsruire" que j'ai produit et réalisé pour les Ponts et Chaussées sera projeté à l'Opéra Bastille lundi 22 avril à 19h.

Rencontre avec les ingénieurs à l'origine des ouvrages qui ont transformé la France. Comment construire à l'heure de la transition écologique ?

Contactez-moi si vous souhaitez y assister, il reste quelques places !

UPDATE : Ah non, apparemment c'est complet =)

Tant que nos Coeurs Flamboient

Soirée culture moins surprise que d'habitude puisque j'avais réservé.

Quand je vais voir les spectacles de mes ami·e·s – surtout dans les petites salles où on ne peut pas se cacher – je prépare toujours une phrase à dire après la représentation au cas où j'ai trouvé ça nul. ("Tu m'as fait rêver" aurait dit Françoise Sagan à Jeanne Moreau après une pièce où elle se serait endormie.)

Je suis heureux de dire que je n'en ai pas eu besoin.

(Je suis dans une période où mes amis font des choses formidables. Ici et , par exemple.)

La pièce est simple, intime, mais sans concession. Ça progresse. La mise en scène est délicate, faites de petits objets et de petits gestes qu'on retrouve ici et là et qui racontent une histoire. C'était aussi une occasion pour moi de voir le parcours et les talents de quelqu'un que je connais prendre tout leur sens au sein d'une pièce personnelle et forte. Très émouvant. Mais je vous rassure : pas besoin de connaître pour apprécier.

Ah et aussi : vous apprendrez des choses (sur le Chili, sur Louise Michel...) et vous en sortirez moins bête. Ce qui n'est pas le cas de la plupart des spectacles ni, soyons honnêtes, de la majorité de mes films.

Tant que nos Coeurs Flamboient avec Lorena Felei, écrit et mis en scène par Laurent Contamin. Au Théâtre Essaïon jusqu'au 30 avril.

Micro-Fiction Analogique

J'ai réveillé ma machine à écrire pour une nouvelle aventure. J'ai dû mettre mes précédentes menaces à exécution et ajouter le point d'exclamation à la main. Ça valait le coup.

 

Je ne suis assurément pas le premier à utiliser des emojis sur une machine à écrire mais on ne doit pas être très nombreux non plus.

Trois Charges Contre la Réalité

Il y en a pour les scientifiques comme pour les beatniks. Le thème commun : la réalité n'est pas ce que vous croyez. C'est parti.

Commençons par la science : j'ai découvert Don Hoffman dans ce podcast de Lex Fridman. C'est un chercheur au département de Sciences Cognitives de l'Université de Californie. La thèse qu'il défend dans son livre The Case Against Reality est simple : l'évolution se fiche pas mal de la vérité. À partir de modèles ancrés dans la théorie évolutive des jeux, il déduit que la perception que nous avons du monde est biaisée vers la survie. Autrement dit, notre cerveau n'aurait aucun scrupule à ignorer ou à déformer la vérité tant que ça nous donne un avantage adaptatif. Ce n'est pas sa faute : il a été programmé comme ça par des millions d'années d'évolution.

Ainsi, une espèce qui percevrait toutes les variations subtiles d'un signal pourrait être désavantagée par rapport à une autre qui verrait les choses de façon beaucoup plus manichéenne (rouge = danger !) mais beaucoup plus simple à analyser en cas d'urgence. Dans cette course – comme dans beaucoup d'autres – ni les esthètes ni les poètes ne survivent.

Côté beatnik, ça fait plus d'un an que je progresse dans le livre Seing that frees de feu Rob Burbea.

Je le décrirais comme un livre de méditation avancé centré sur la notion de "vide" (emptiness en anglais) dont j'ai déjà parlé ici. L'idée centrale est que la réalité est beaucoup moins réelle qu'on n'imagine. On est persuadé qu'il existe un monde matériel "solide" qui perdure dans le temps et continue d'exister quand on ne le regarde plus. Par une série de méditations centrées sur l'impermanence, le détachement et la coproduction conditionnée, Rob Burbea nous montre que la réalité est en partie une fabrication interne qui se construit et se déconstruit sous l'impulsion de la conscience. Il nous apprend à utiliser différentes façons de voir le monde comme autant d'outils qu'on peut saisir et reposer afin de gagner en liberté.

À mes amis, je résume ces idées en une phrase : "la réalité est constituée des pensées dont vous n'arrivez pas à vous débarrasser". Le jour où j'ai compris ça, beaucoup de choses ont changé.

Enfin, entre science, philosophie et New Age, il y a Pourquoi le matérialisme est absurde, de Bernardo Kastrup.

À l'origine, Kastrup est un chercheur brésilien en ingénierie informatique qui a notamment travaillé au CERN. Quand il a souhaité mettre au point un programme informatique "conscient", il s'est intéressé au problème de la conscience d'un point de vue philosophique et en est sorti avec un théorie métaphysique qui remet l'idéalisme au goût du jour. Son idée est la suivante : il est aujourd'hui impossible de comprendre comment la matière crée la conscience – le fameux "problème difficile" de David Chalmers. Il retourne donc les choses : c'est la conscience qui crée la matière. Les lois de la physiques ne découleraient plus du modèle standard mais seraient des régularités d'une conscience partagée dont chacun ne percevrait qu'une partie. Selon lui, nous "pensons" la matière. Ça paraît un peu fou mais son propos est justement de montrer, via un raisonnement type Rasoir d'Occam, en quoi c'est "moins fou" que l'hypothèse matérialiste.

Bien sûr, on nage en pleine métaphysique donc tout cela ne changera pas immédiatement la façon dont vous choisissez vos chaussettes le matin. Mais à terme, ça devrait.

UPDATE:  Toutes ces réflexions m'ont amené à imaginer ce projet de film dont je reparlerai.